Cet hiver, j'ai regardé le dimanche soir, "Un village français" à la TV.
Je dois dire que le jeu des acteurs, le scénario et les images m'ont un peu fait oublier l'horreur réelle que représenta cette guerre de 39-45, sans oublierla collaboration, la police française vendue à l'ennemi, et surtout la déportation des Juifs après qu'on les eut, peu à peu, dépouillés de leurs droits les plus élémentaires.
Et hier midi, au cours d'un déjeuner chez mon frère, on en est venu à évoquer une de nos tantes qui nous ravissait, enfants, par sa gouaille et son incapacité totale à gérer un budget ou à cuisiner.
Elle était tellement drôle et sympathique qu'on en oubliait la tragédie qui l'avait faite orpheline.
Car Raymonde, notre tante, blonde aux yeux bleus, était Juive polonaise.
Ses parents, d'humbles tailleurs, avaient quitté le ghetto de Varsovie pour se mettre à l'abri en France( drôle d'abri, dans les années 40)
Ils croyaient donc vivre en paix dans le 20° arrondissement de Paris, et leurs deux enfants étaient heureux et insouciants.
Raymonde avait une dizaine d'années lorsqu'un soir, à la sortie de l'école, ce fut une voisine qui vint les chercher, elle et son frère.
Cette famille sans histoire avait dérangé de "bons français" qui les avaient dénoncés comme Juifs à la milice.
Et ce furent des policiers français qui vinrent les arrêter pour les diriger sur le Vel d'hiv.Et les condamner sans appel aux camps de la mort.
La voisine généreuse qui épargna les camps de la mort à Raymonde et à son frère les confia à des bonnes soeurs qui les confièrent à la Croix Rouge. Et on fit passer les enfants en Suisse où ils restèrent jusqu'à la fin de la guerre.
Leurs parents, bien sûr, ne revinrent jamais.
Et c'est vrai que, au beau milieu de toute cette barbarie, Raymonde n'apprit jamais à tenir un budget ni à cuisiner.
Mais quel talent pour la vie!
Plus jamais ça!