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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 16:36
2. Papa aurait-il changé ?

 

 

 

Le lendemain matin, Papa se lève avant tout le monde, va chercher des croissants, presse des oranges, et lorsqu’il va réveiller Anna, celle-ci sent l’odeur des croissants que Papa a réchauffés :


-Il y a des croissants ? fait-elle, éberluée.

Il y a si longtemps que Papa n’était plus allé chercher les croissants du petit matin !

-Oui ! E t ils n’attendent que le bon vouloir de ma princesse !

Anna saute du lit et se précipite dans la cuisine, bientôt rejointe par Claude et Papa.

Un grand verre de jus d’orange, et l’on a le droit de mordre dans les croissants ! Quel délice ! Anna, qui, d’ordinaire, ne déjeune pas, a une faim de loup. Il y a aussi de bonnes madeleines, les céréales qu’elle aime...Elle mange comme quatre et Claude fait de même.

La mine réjouie de ses enfants réchauffe le cœur de Papa.

Et ils sont d’autant plus radieux que Maman, assommée par ses médicaments, dort encore à poings fermés.


 

- Merci pour tout ça, Papa, déclare Anna avec un large sourire.

- Merci Papa, renchérit Claude, c’était drôlement bon ! Miam !

-Je pensais que cela vous plairait, répond Papa dont les yeux pétillent.

Les enfants sont tout de même surpris de ce soudain traitement de faveur : Papa redeviendrait-il un adulte sensé et un père aimant ?

Anna, trop souvent échaudée, reste dubitative, perplexe : depuis hier soir, Papa a changé : qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Et surtout, est-ce que ça va durer ?

Il n’empêche qu’elle arrive au lycée en pleine forme et avec un mental d’acier, ce qui ne s’était pas produit depuis des lustres.

Et même à l’étude du midi, surveillée par Calamity, elle n’a cure des regards féroces dont la pionne ne cesse de la gratifier.

En son for intérieur elle s’adresse à CJ :

« Si tu savais comme tes regards me glissent dessus ! Vas-y, défoule-toi, peau de vache ! Si ça peut te rendre moins cinglée ! »

 

Calamity se rend bien compte qu’Anna soutient ses regards malveillants et qu’elle a l’air de s’en moquer. Aussi s’approche-t-elle d’Anna, l’air mauvais :

-On ne t’a jamais dit que c’était impoli de regarder les adultes comme tu le fais, en les fixant droit dans les yeux ?

- Je suis désolée, Mademoiselle, fait Anna d’une voix atone ; vous ne cessiez de me regarder, je vous ai donc regardée à mon tour. Je ne vois pas ce que j’ai fait de mal !


 

-Toujours aussi insolente ! grommelle Calamity en s’éloignant d’Anna.

Mais elle n’ose plus attaquer la petite de front !

 

Au réfectoire, Anna retrouve ses grands amis du Club théâtre, et les grandes discussions sur Garcia Lorca et Brecht.

Et puis, Philippe, le préféré d’Anna (un vieux de 19 ans), commence à se plaindre d’un devoir à rendre sur L’Émile de Rousseau. Et Anna qui l’a lu, avec l’aide et les commentaires de Papa, se met tout naturellement à discuter de la conception qu’avait Rousseau de l’éducation, établit des parallèles avec le Télémaque de Fénelon...

La tablée est médusée et des applaudissements retentissent.

Anna rougit et explique qu’elle n’a aucun mérite, puisque c’est son père qui lui a fait lire L’Émile et lui a tout expliqué !

-N’empêche, répond Philippe, tu as sacrément bien compris !!!

- Anna est trop modeste ! Ajoute Céline, la « fiancée » de Philippe.

Pourtant, Anna s’en veut d’avoir, involontairement, étalé sa science : elle ne voudrait quand même pas passer à nouveau pour un « bébé prodige », surtout auprès de ses nouveaux amis !

Mais ceux ci l’ont, en quelque sorte, pris sous leur aile et ont un peu oublié qu’elle était si jeune.

Tant mieux !

L’après-midi se passe tranquillement : deux heures de Latin avec Mademoiselle Kerspern, c’est un véritable enchantement.

Anna adore cette langue logique et structurée, et adore également Mademoiselle Kerspern.

Et pour finir la journée, c’est une heure de musique avec Mademoiselle Moretti, et ça, c’est génial.

Anna se met souvent au piano à ce cours, ainsi, Mademoiselle Moretti peut-elle vérifier si les élèves réussissent ou non leur dictée musicale.

Et après, on chante !

Aujourd’hui, il s’agit d’une chanson russe qu’Anna adore : Kalinka.

Et en plus, ils l’apprennent en Russe.

Lorsqu’elle chante cette chanson, Anna a la chair de poule et a l’impression que tout vibre en elle, que la plus petite parcelle de son corps est à l’unisson de cette chanson.

 

Le cours de musique terminé, elle passe chercher Claude et ils commentent abondamment le merveilleux petit-déjeuner de ce matin.

 

-Tu trouves pas ça louche ? Fait Claude. Ça fait longtemps que Papa ne s’est pas occupé de nous comme ça. Je trouve ça bizarre !

-Moi aussi ! Et tu sais, hier soir, quand il est rentré du club, au lieu de m’enguirlander parce que je lisais encore, il a été tout doux, tout.Ça doit bien cacher quelque chose !

-De toute façon, on va bien voir comment est la « matouse » (nouveau mot dans le vocabulaire de Claude) ce soir !

-Mouais, fait Anna ; elle, ça m’étonnerait qu’elle ait changé ! »

Quand ils arrivent à la maison, ils ont la surprise de voir que Papa est là et que Maman, toujours décatie, droguée, n’a cependant pas l’air d’avoir trop bu.

Elle annone quelques mots à l’intention des enfants, qui font mine de comprendre la bouillie qui lui sort de la bouche, et lui adressent un sourire de commande, et se sauvent dans leur chambre pour l’éviter.

Il y a bien des moments où ils la détestent franchement, mais le spectacle de sa déchéance leur fait horreur.

Papa, au dîner, se montre plein d’entrain avec Claude et Anna, et parle, parle...à vrai dire, ils n’ont plus l’habitude et, tant de paroles, ça les saoule un peu.

Il essaie d’entraîner Maman dans la discussion, mais n’obtient d’elle que des onomatopées et des regards idiots !

Les enfants sont même autorisés à faire une partie de Monopoly avant d’aller se coucher : décidément ! C’est Byzance ! Songe Anna !

Et le lendemain matin, et les jours suivants, Papa renouvelle le luxe du super petit- déjeuner !

De plus, il semble laisser tomber la surveillance des travaux de la maison neuve, et reste à la maison tous les soirs.

C’est ainsi que, petit à petit, les enfants réapprennent à faire confiance à leur père.

Mais, avec la « Matouse » ( Anna a aussi adopté ce néologisme claudien), si les crises de folie ont cessé, ça ne va guère mieux.

Elle semble de plus en plus abrutie, arrive à peine à articuler trois mots, se laisse totalement aller : s’habille mal, mange salement ; un vrai porc !


-Elle me débecte, fait Claude, un soir !

-Elle est répugnante, répond Anna, et en plus, elle a l’air de plus en plus débile ! Heureusement qu’elle ne sort pas : t’imagines la honte !

-On dirait l’idiote du village, maintenant ! t’as vu sa tronche ?

-Ben oui, comme toi ! Bien obligée ! Si elle était invisible, ça m’arrangerait. Berk ! Elle est horrible

-Chut ! voilà Papa !  »

Papa arrive tout guilleret :


-Ça va, les enfants ? Vous avez terminé vos devoirs ?

-Oui, Papa ! répondent-ils d’une seule voix.

-Bon ! J’ai à vous parler. Votre pauvre Maman ne va pas mieux... Aussi, la semaine prochaine, va-t-elle devoir retourner et rester au Tromeur au moins un mois.

Malheureusement, cette fois-ci, nous n’aurons pas le droit de lui rendre visite ! »

 

Papa est sincèrement chagriné, mais pas les enfants ! Ceux-ci doivent au contraire s’empêcher de sauter de joie : quoi, un mois sans la méchante folle alcoolique et droguée, mais c’est le paradis !

Connaissant leur père, ils sont bien obligés de feindre la compassion et la tristesse, c’est hypocrite, mais, comme dit l’adage :

« Comme on connaît ses saints, on les adore »

 

Le lundi, Papa conduit Maman à la Clinique du Tromeur, et ce, pour le plus grand soulagement des enfants.

 

C’en est fini des angoisses et des cris du soir !

« Mais, qu’est-ce qu’on va être bien sans elle ! » se réjouit Anna.

Et effectivement, ils passent des jours enchanteurs et enchantés avec Papa, qui les dorlote, les sort, joue avec eux.

Un mois de pure félicité !

Mais, comme les meilleures choses ont une fin, dit-on, Papa leur annonce que Maman rentrera dans trois jours, et que, d’après le psychiatre elle va beaucoup mieux !

Il est tellement heureux de retrouver sa « douce aimée », comme il dit souvent (ce qui fait bien rire Claude et Anna : aimée, peut-être, mais douce ! qu’est-ce qu’on rigole dans cette maison !)

-Et c’est fini la belle vie ! déclare Anna à Claude, lorsque Papa est parti.

-Rien qu’à l’idée de « la » revoir, j’ai la trouille ! répond le petit.

-Et moi donc !

-J’espère que Papa ne va pas redevenir méchant comme avant...

-Mais non, mon Cloclo ! Lui, il a changé et c’est pas une girouette ! »

Cette nuit-là, les deux enfants dorment dans la même chambre : ça y est, cette vilaine bête, l’angoisse, est revenue leur pincer le cœur !

 

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commentaires

C
on te lit avec beaucoup de plaisir bises
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