Les cauchemars d’Isild
(Thriller)
Prologue
Liv avait les yeux fous et observait Isild avec une expression de dégoût indicible.
« Salope! Siffla-t-elle entre ses dents! Tu es la plus grande salope que la terre ait portée! »
Sa main grassouillette semblait une poigne de fer autour du cou menu de la mince Isild.
Et elle serrait de plus en plus fort; Isild commençait à suffoquer, éperdue de terreur.
Liv lui cracha à la face et son visage habituellement aimable et rieur était convulsé, et sa bouche se tordait en une hideuse grimace:
Elle criait maintenant et ses yeux bleus brillaient d’une haine inouïe.
« Tu vas me le payer, Isild Edeltraut, ah ça oui, tu vas me le payer! »
Isild ne pouvait bouger tant la poigne de la forte femme la maintenait fermement sur l’étroit lit de sa petite chambre.
Elle ne parvenait pas à opposer la plus petite résistance, et la main de Liv lui enserrait la gorge comme l’aurait fait un monstrueux étau.
-Arrête, Liv, je vais tout t’expliquer, parvint-elle à bredouiller.
C’est Oscar qui voulait… »
-Bien sûr, ma chérie! C’est-ce gros porc d’Oscar, et toi tu es innocente comme l’agneau qui vient de naître!!! »
Un gargouillis lui répondit : Isild étouffait, et la grosse femme accentua encore sa pression, puis, en riant, rejeta la jeune femme sur le lit.
-Non, ma chérie…Tu ne vas pas mourir, pas tout de suite, du moins. »
Et elle éclata d’un rire strident.
Isild se rendit compte qu’elle était solidement attachée au lit et qu’elle n’avait vraiment aucun moyen d’échapper à la folie meurtrière de celle qui, il y a peu, était encore sa bienfaitrice et son amie.
Cette dernière continuait à vociférer, lâchant des bordées d’insanités où il était question de ce « vieux vicelard d’Oscar » et de cette « petite pute d’Isild » qui s’étaient ligués contre elle, et qui, non contents de faire « mille saloperies dans son dos », s’étaient mis en tête de la supprimer.
La supprimer, elle, Olivia Kramer…
C’était tellement ridicule qu’elle en aurait pleuré de rire, si « ces deux salopards » n’avaient pas été les êtres qu’elle chérissait le plus au monde.
Elle sembla réfléchir, et, retrouvant son langage habituellement châtié, se tourna vers son amie:
- Vois-tu, très chère, je suis considérée comme quelqu’un d’aimable, de gentil, et même comme une personne foncièrement bonne.
D’ailleurs, n’es-tu pas bien placée pour le savoir, hein?
Mais voilà, il y a une chose que je ne pardonnerai jamais à quiconque, c’est la trahison.
Et toi, petite Isild de Berlin Est, voilà que tu m’as trahie, et pas qu’un peu!